Lu musée du Vieux-Toulouse est le
musée de l'histoire de Toulouse.
Fondé en 1907 et constamment enrichi depuis grâce à la volonté des Toulousains
de Toulouse (dont l'association a été déclarée d'utilité publique en 1927) de
constituer un lieu de mémoire à leur ville, il a d'abord bénéficié de
l'hospitalité municipale à la caserne de la Mission, place de la Daurade, puis
en 1921 au 6 de la rue Saint-Jean. Depuis 1948 cependant, grâce à la générosité
du docteur Siméon Durand, son nom se confond avec celui de l'hôtel Dumay, au 7
de la rue du même nom. Cette noble et splendide demeure avait été édifiée au
XVI° siècle par Antoine I° Dumay, régent de la faculté de médecine et médecin de
Marguerite de Valois, et son fils Antoine II, capitoul et conseiller au
Parlement. C'est aujourd'hui, au premier étage, dans les salons aménagés au
XVIII° siècle par François Belmont, avocat au Parlement, que le visiteur peut
découvrir à travers mille objets, souvenirs ou oeuvres d'art, les grandes heures
de Toulouse, ses anciennes institutions, ses monuments disparus, ses
personnalités les plus diverses, sa vie populaire, ses coutumes, son âme
peut-être.
C'est par la salle Félix-Mathieu, dans laquelle sont disposées les collections
de faïences toulousaines des XVIII° et XIX° siècles données par ce grand
bienfaiteur du musée, que l'on commence la visite. On y admire l'une des plus
belles séries de cette fabrication encore méconnue et mal représentée dans les
collections municipales.
La salle Henry-Puget voit rassemblé un choix représentatif de peintures
toulousaines des XVII° (le portrait de Jean-Louis Fontanille par Jean de Troy
...), XVIII° (ouvrages d'Antoine Rivalz, Jacques Gamelin, Joseph Roques ...) et
XIX° siècles (Louis de Planet, Jules Garipuy, Théodore Richard, Léon Soulié,
Gabriel Durand, le talentueux portraitiste de la société toulousaine du second
Empire). Les sculpteurs des XVIII° et XIX° siècles sont aussi représentés par
une précieuse collection de maquettes de terre cuite de François Lucas,
Jean-Pierre Vigan, Jean-Louis Ajon, Bernard Griffoul-Dorval, un buste féminin
aussi rare de Joseph Salamon, l'émouvante effigie de Cléo de Mérode
vigoureusement modelée par Alexandre Falguière... Mais la pièce majeure reste
une Vierge à l'Enfant grandeur nature, oeuvre exceptionnelle de la fin du XVI°
siècle, unique même par sa qualité et sa conservation et qui semble due au
ciseau habile d'Artus Legoust, le grand artiste élève de Bachelier dont l'art
était apprécié bien au-delà des murs de sa ville.
Le salon suivant, dédié au souvenir d'Henri Rouzaud, évoque le capitoulat et le
parlement à travers principalement une succession de portraits allant du XVI°
siècle à la fin de l'Ancien Régime. Une série très complète de monnaies et de
médailles rappelle éloquemment l'activité de Toulouse dans ce domaine depuis les
deniers de ses anciens comtes jusqu'aux jetons des Etats du Languedoc. Le
portrait de Charles de Rémusat, l'un des meilleurs ouvrages de Paul Delaroche,
clôt cette théorie de magistrats et d'hommes politiques, de hautes figures du
passé toulousain. Son épouse, peinte par Ary Scheffer, n'aurait eu voix à cette
austère assemblée mais elle n'est guère éloignée et orne, dans un environnement
plus aimable, le salon voisin.
Le passé le plus lointain de Toulouse ressurgit dans la salle Léon-Joulin avec
les objets néolithiques, les poteries, les marbres, les monnaies et les bronzes
antiques également extraits du sol toulousain. On signalera particulièrement une
belle tête de Cérès du I° siècle prudemment descellée de la façade où l'avait
peut-être placée Antoine Dumay.
Les souvenirs de l'Empire et de la fameuse bataille de Toulouse sont rassemblés
dans l'ancienne tour d'escalier: L'unique uniforme conservé de la garde
d'honneur qui accueillit Napoléon I° en 1808 y côtoie la lunette du vainqueur du
maréchal Soult, le duc de Wellington, et peut-être la chaise longue sur laquelle
il se reposa, comme se mêlent fusils et sabres anglais et français de cet
affrontement mémorable.
Le salon de musique de François de Belmont, devenu la salle Gabriel-Gay, évoque
les anciens monuments de Toulouse, souvent disparus, à travers des documents
iconographiques irremplaçables : les remparts, les églises, les vieux hôtels,
les paysages urbains des quais de la Garonne, la Garonnette et l'Ile de Tounis,
le canal du Midi et ses ponts en dos d'âne...
Après les personnalités les plus insolites et curieuses de Léotard, inventeur du
trapèze volant, et du commandeur Cazeneuve, le génial illusionniste,
l'aventurier mythomane, grand collectionneur, artiste surprenant et Toulousain
de Toulouse de la première heure, on découvrira le petit peuple toulousain dont
ils étaient issus. Les riches collections de photographies anciennes sont
évoquées à travers un ensemble de tirages en grands formats montrant des scènes
et des personnages populaires de la seconde moitié du XIX° siècle. Les précieux
et rares documents disposés dans la coursière constituent une introduction au
foisonnement de la vie populaire évoqué par de nombreux témoins contemporains,
portraits d'hommes et de femmes du peuple dans leurs costumes, scènes de rues,
vêtements de fêtes ou de labeur, vanneries, poteries aux multiples formes et
emplois, fabriquées par les artisans du port Saint-Sauveur et du faubourg
Saint-Etienne mais provenant encore des centres de Giroussens, Launaguet ou
Puybégon. Dans cet espace privilégié vit le souvenir d'une figure populaire du
siècle dernier, celui du fameux géant Jean-Pierre de Montastruc dont sont
conservés l'impressionnant sabot et un plus éloquent encore moulage de la main
droite. C'est encore au musée du Vieux-Toulouse que l'on découvrira
l'authentique costume toulousain reconstitué sur mannequin afin de mieux faire
oublier une imposture trop célèbre.
Mais les oeuvres exposées de façon permanente sont bien loin de constituer la
totalité des richesses de notre fonds. Ce ne peut être que par roulement et au
gré d'expositions temporaires que l'on pourra apprécier, après les collections
photographiques, les richesses du cabinet des dessins (oeuvres d'artistes
toulousains du XVII° au XX° siècle) et des estampes (des plus précieuses
gravures sur bois aux toutes premières lithographies réalisées par le général
Lejeune), les plus belles et les plus anciennes affiches réalisées à Toulouse...
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