
Dans l'esprit des Toulousains le
nom de Georges Labit est associé à une curieuse villa de style néo-mauresque du
quartier du Jardin des Plantes dans laquelle ce grand voyageur avait rassemblé
des collections acquises aux quatre coins du monde. Georges Labit est mort en
1899. En souvenir de lui, son père léguait en 1913 à la Ville de Toulouse les
collections et la villa qui devenait alors le musée qui porte son nom.
Issu d'une riche famille de négociants, Georges Labit est né à Toulouse le 12
février 1862. Sa fortune lui permettait de réaliser, très jeune, de lointains
voyages dans lesquels il devait satisfaire un esprit vif et curieux. II
parcourait l'Europe, le Moyen-Orient et, entraîné par le goût de l'aventure, une
grande partie de l'Asie.
Les campagnes d'Indochine et l'ouverture du Japon en 1868 avaient favorisé un
regain d'intérêt pour l'Asie et développé le goût de l'exotisme. Georges Labit
fut l'un de ces européens privilégiés qui, les premiers, découvrirent des pays
connus jusqu'alors par les récits et les descriptions des grands navigateurs et
des missionnaires. Souhaitant faire partager son émerveillement à ses
concitoyens il ramenait des collections aussi nombreuses que variées et une
importante documentation photographique qui en faisait l'un des grands
précurseurs de nos actuels "reporters".
La diversité des collections achetées au cours de ses longues pérégrinations
révèle l'éclectisme de son goût. L'estampe japonaise (dont on sait l'importante
influence exercée sur la peinture occidentale de l'époque) était alors une
merveilleuse découverte et Georges Labit, conquis par la richesse de ses coloris
et l'originalité de ses compositions, en constituait un très remarquable
ensemble. Mais un besoin avide le poussait à acquérir aussi des armes rares, des
armures et des peintures japonaises (chose étonnante, des paysages monochromes
peu appréciés alors) et une foule d'objets tels que porcelaines, ivoires et
laques sculptés.
Sa collection reflète le goût de
l'amateur de cette fin de XIX° siècle, amateur qui recherchait dans la
production des pays d'Asie ce qui, en fait, correspondait le mieux à ses propres
conceptions artistiques. Nous savons aujourd'hui, par les produits des fouilles
et les études des spécialistes, que ces collections ne représentaient qu'un
aperçu des oeuvres d'art que ce vaste continent recelait. La contribution de
l'Ecole française d'Extrême-Orient fut grande dans le domaine de cette
découverte et c'est à elle que le musée Labit doit de posséder un ensemble
exceptionnel de sculptures Izhmères et charries.
Depuis sa réouverture en 1971, après les travaux de rénovation qui ont
transformé l'architecture intérieure, le musée Labit n'a cessé de s'enrichir.
Outre un second dépôt du musée Guimet, des dons et de nombreuses acquisitions
touchant aux différentes sections ont donné une ampleur nouvelle à l'ensemble
des collections. La section indienne a bénéficié de l'entrée de six sculptures
qui comptent parmi les pièces les plus prestigieuses. Le Sud-est asiatique, la
Chine, le Japon, le Tibet et les antiquités égyptiennes ont égaiement eu
d'importantes entrées de pièces, notamment une rare barque funéraire égyptienne
du Moyen-Empire.
Tel qu'il est aujourd'hui, le musée Georges Labit est le seul en province à
proposer au public un panorama des collections couvrant, outre I'Egypte, l'Asie
toute entière.
Ainsi Toulouse peut s'enorgueillir de la réalisation d'un musée qui participe
pleinement à la vie culturelle de la ville. II doit sans conteste son
originalité à l'acuité du regard de Georges Labit qui s'ouvrit, il y a près d'un
siècle, sur un monde qui demeure encore étranger à beaucoup.
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