Musée Paul Dupuy :)

 

L'immeuble qui s'ouvre par un portail cintré au 13 de la rue de la Pleau abrite le musée Paul-Dupuy derrière une haute et austère façade de briques. Proche de la place des Carmes, ce quartier aux rues étroites mais passantes conserve un incontestable charme. L'architecture des siècles passés y a laissé de nombreux témoignages de sa splendeur malgré la mutilation infligée en 1908 par le percement de la rue Ozenne.

Lorsqu'en 1905 Paul Dupuy acquit l'hôtel dit de Pierre Besson (qui fut le procureur à la Cour dans la première moitié du XVII° siècle) celui-ci n'était plus qu'une vieille bâtisse délabrée. Homme de goût, Paul Dupuy entreprit alors une intelligente restauration de la demeure qu'il destinait à ses collections. II fit surélever l'ancienne construction, la coiffa d'un étage de mirandes, fit achever la tourelle capitulaire dans l'angle de la cour et redonna à la façade le rose de son appareil de briques. L'écrin était superbe. II reçut les collections dont l'importance et la diversité firent de ce musée privé "le Cluny de la Ville rose" (Ch. Bernardin).

Evoquer la personnalité de Paul Dupuy éclairera le visiteur que l'accumulation de ces richesses ne peut manquer d'étonner.
Né à Toulouse le 10 janvier 1867, Paul Dupuy appartenait à une famille de grands négociants en épices qui fit fortune dans l'exportation du cornichon abondamment produit par la région. Ayant sans doute peu d'attrait pour le commerce, il fit de solides études et devint ingénieur civil de l'Ecole Centrale, laissant à son frère Alfred la direction des affaires familiales. Sa fortune le dégageant de toute contrainte matérielle, il put se consacrer à ses goûts. Collectionneur, bibliophile, amateur d'art, il fut avant toute chose un fervent du passé toulousain. Demeuré célibataire, Paul Dupuy s'éteignit le 11 décembre 1944. II léguait à l'Etat, qui les rétrocédait à la Ville, l'hôtel de la rue de la Pleau et ses collections.

 

Ainsi, Toulouse doit à ce passionné l'un des plus extraordinaires ensembles de documents et d'objets, témoins d'un passé proche ou lointain, liés à l'histoire de la région toute entière. Au lendemain de la seconde guerre mondiale s'ouvrait une ère nouvelle qui allait voir appliquer de grandes mesures salutaires au patrimoine culturel. Les musées ne restèrent pas à l'écart, et Paul-Dupuy bénéficia des tout derniers progrès de la muséographie, devenant un modèle du genre. C'est à Robert Mesuret, premier conservateur, que revint la délicate mission d'assurer la nouvelle présentation des collections. L'inauguration eut lieu le 14 juillet 1949. Pour de longues années, le musée devint l'un des centres d'attraction de la vie culturelle toulousaine. Préconisés par la Direction des Musées de France, des échanges et des dépôts entre musées et bibliothèques avaient permis un regroupement de certaines collections. De cette action naquit le Cabinet des Estampes, aujourd'hui le fonds le plus important de documents graphiques sur la ville et la région, auquel font appel historiens, étudiants ou simples amateurs. Au Cabinet des Estampes s'adjoint une bibliothèque spécialisée riche de plusieurs milliers de volumes, du XVIII° siècle à nos jours.

Quant aux collections d'objets, leur diversité est si grande qu'il serait fastidieux de les énumérer. Disons pour mémoire qu'elles vont du bouton d'uniforme aux meubles anciens, en passant par la faïence, l'orfèvrerie, l'horlogerie, le costume, les armes, la numismatique, la ferronnerie, etc. Elles recouvrent une vaste période, du Moyen Age au XIX° siècle, ce dernier étant particulièrement bien représenté. Au legs de Paul Dupuy et au don d'Edouard Gélis (collections majeures) sont venus s'ajouter de nombreux dons et acquisitions. Parmi les plus importants, citons la collection Rozès de Brousse (dessins, gravures, affiches), la collection Regraffé de Miribel (gravures). Mais dons et acquisitions posaient rapidement des problèmes et, tel qu'il se présentait, le musée Paul-Dupuy était dans une situation précaire. Dans les locaux exigus des réserves, s'entassait une impressionnante quantité de pièces jugées secondaires que seules des expositions temporaires permettaient de montrer, et dans les salles d'exposition, la présentation non dépourvue de charme paraissait réserver ses plus beaux objets aux connaisseurs.

Depuis les années soixante, une extension était apparue nécessaire. Elle fut rendue possible par l'acquisition, en 1968, d'un immeuble contigu au musée, au 8 de la rue d'Aussargues. Ce bâtiment aurait été construit après 1731 pour le substitut du procureur général Jean de Raymond. Dès lors, la rénovation que la Ville avait décidée pour l'ensemble de ses musées fut arrêtée pour le musée Paul-Dupuy. De 1980 à 1985, d'importants travaux redonnèrent une seconde jeunesse à l'architecture intérieure que des transformations successives avaient profondément altérée. Peu d'éléments authentiquement anciens subsistaient : le parti fut pris de donner aux nouvelles salles un cadre discrètement évocateur de l'hôtel particulier.

La visite débute au second étage par un programme audio-visuel retraçant "l'histoire de la mesure du temps" qui précède la présentation de la donation Edouard-Gélis, composée d'horloges, montres et automates du XVI° au XIX° siècle. Des instruments de mesure du temps non mécaniques (astrolabe, cadrans solaires, etc.) complètent la collection.

 

Au premier étage une salle abrite les collections de poteries vernissées, parmi lesquelles des pièces régionales du début du XVII° siècle (Giroussens, Puybegon, etc.).

Le visiteur pénètre ensuite dans le "salon de musique", où ont été regroupés du mobilier, des instruments de musique anciens, de l'orfèvrerie et des miniatures. Suivent les salles de faïence stannifère produite par les fours toulousains et régionaux (1° salle) et les autres grands centres français (Bordeaux, Montpellier, Moustier, Marseille, Nevers, Strasbourg, etc.) (2° salle) où six vitrines renferment des pièces de verrerie et de porcelaine.

Le rez-de-chaussée est principalement consacré au costume et à ses accessoires (XVIII° - XIX° siècle). C'est dans la plus grande salle de ce niveau qu'est présentée la "pharmacie des jésuites", oeuvre des ébénistes Louys Béhori (1632) et Jean Escoubé (1663), avec les vases de pharmacie (faïences des XVII° et XVIII° siècles). Le très célèbre vase à thériaque, millésimé 1624, en étain gravé et le diplôme d'apothicaire de Jean Mosé (1656) en sont les pièces les plus précieuses.

Trois salles voûtées à l'appareil de briques occupent le sous-sol.
La première est dite "d'art sacré". C'est là que sont regroupées les pièces liturgiques et les pièces qui participaient à la décoration des églises ou de leurs chapelles (sculptures, ivoires, émaux, orfèvrerie et le grand parement d'autel des Cordeliers, broderie datant de 1320, récemment restauré à la Fondation Abegg de Berne, étudié par Monsieur le professeur Marcel Durliat).
Les armes et la ferronnerie occupent les deux autres salles.

De plus, le musée Paul-Dupuy présente régulièrement des expositions temporaires dans les salles spécialement aménagées.
Une salle de conférences et de concerts en fait enfin un lieu bien vivant qui a repris sa place dans la vie culturelle toulousaine après cinq longues années de fermeture.
 

Pour agrandir, il suffit de cliquer sur les photos :)

Le musée Paul Dupuy :) Le musée Paul Dupuy :)
Le musée Paul Dupuy :) Le musée Paul Dupuy :)
Le musée Paul Dupuy :) Le musée Paul Dupuy :)
Le musée Paul Dupuy :) Le musée Paul Dupuy :)
Le musée Paul Dupuy :)
Le musée Paul Dupuy :) Le musée Paul Dupuy :)
Le musée Paul Dupuy :) Le musée Paul Dupuy :)
Le musée Paul Dupuy :) Le musée Paul Dupuy :)
Le musée Paul Dupuy :) Le musée Paul Dupuy :)
Le musée Paul Dupuy :) Le musée Paul Dupuy :)
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